Plougastel-Daoulas, un jardin ou un blockhaus

Plougastel-Daoulas est une ville de la rade de Brest, située sur une presqu'île au sud-est du chef-lieu d'arrondissement dont elle est séparée par l'embouchure de l'Élorn. La commune fait partie de l'ancien évêché de Cornouaille.

La longueur de son littoral atteint 37 km car il est très découpé sur sa façade ouest et sud-ouest, alternant caps (pointe Marloux, pointe du Corbeau, pointe du Caro, pointe de l'Armorique, pointe Doubidy) et anses (anse du Caro, anse de Lauberlac'h, anse du Moulin Neuf, anse de Penfoul) et quatre ports (Tinduff, Caro, Passage, Four-à-Chaux-Lauberlac'h) y sont implantés. Une île de la rade de Brest dépend aussi administrativement de Plougastel : l'île Ronde. L'étang du Caro, site naturel protégé, est un lieu de nidification pour les oiseaux migrateurs. Le poulier de l'anse de Lauberlac'h, pointe libre longue de 370 mètres, barre presque complètement le fond de cette anse, l'eau de mer y accédant seulement par un grau étroit.

Géologiquement, les quartzites de Plougastel, le granite et les schistes sont les affleurements prédominants. Quelques petits gisements de calcaire existent, par exemple à l'île Ronde, ce qui explique la présence d'anciens fours à chaux. Un ancien récif corallien datant du praguien (dévonien inférieur), situé à la Pointe de l'Armorique, montre des bancs de calcaire bleu, riches en fossiles marins (le prélèvement de fossiles y est interdit par arrêté municipal).

Plougastel, un " jardin "

Plougastel est depuis longtemps renommé pour son agriculture maraîchère, caractéristique de la Ceinture dorée bretonne dont la presqu'île est un prolongement, comme le décrit Victor-Eugène Dumazet en 1893 :

"Les gens de Plougastel sont d'infatigables jardiniers et de vaillants marins, des jardiniers surtout. La partie de leur péninsule qui regarde vers le sud, abritée des vents du nord et de l'ouest par les rochers riverains de l'Élorn, baignée par les flots tièdes, jouit d'un climat fort doux ; aussi bien des cultures qui semblent impossibles en Bretagne, y prospèrent-elles. Déjà il y a cent ans, quand ce pays était sans route et, naturellement, sans chemin de fer, alors qu'il était difficile d'expédier les produits du sol, Cambry signalait avec étonnement la culture des melons de plein champ ; on les préservait des gelées blanches avec des débris de verre. On cultivait aussi les petits pois à l'abri de plants de genets pour les préserver du vent du nord. "Vous n'êtes plus dans la Bretagne, s'écriait le voyageur : les fraises, la framboise, la rose, la jonquille, la violette et l'églantier couvrent les champs chargés d'arbres fruitiers ; le cerisier, le prunier, le pommier descendent jusqu'au rivage." Les légumes devançaient de six semaines la végétation, même à deux lieues de là. "


Aux XVe siècle et XVIe siècle la culture du lin et du chanvre et le commerce des toiles (en particulier des toiles fines dénommées " Plougastel blanches ") enrichit Plougastel, les toiles s'exportent jusqu'en Angleterre et en Hollande et dans la péninsule Ibérique, mais les manufactures créées par Colbert à partir de 1675 entraînent le déclin de cette activité toilière. Cette activité persiste toutefois aux XVIIe siècle et XVIIIe siècle où la seule paroisse de Plougastel fournit encore 60 pièces de lin chaque semaine, mais l'essor des cultures de fraisiers provoqua le recul de la culture du lin, même si des métiers à tisser fonctionnèrent à Plougastel jusqu'au début du XXe siècle, mais travaillant du lin cultivé dans d'autres communes de la région ainsi que de la berlingue. 



Les fraises de Plougastel à la fin du XIXe siècle et au début du XXe siècle

Paysan de Plougastel vers 1854 (dessin de Saint-Germain)


Costume de travail d'un homme de Plougastel-Daoulas (dessin d'Albert Racinet publié en 1888) 

En 1882, le journal La Presse, après avoir fait remarquer que la culture des fraisiers a commencé à Plougastel au XVIIIe siècle, mais ne concernait jusqu'au milieu du XIXe siècle que quelques hameaux, écrit : « Les fraisiers sont en plein champ sur les collines ou les falaises qui avoisinent la mer. Pour les préserver des coups de vent, les champs sont entourés de haies ou de petits murs de pierres sèches, ce qui retient en même temps la chaleur solaire. [...] La récolte commence vers le 20 mai à Lauberlach, parcourt tout le mois de juin et se termine par le fraisier du Chili, dans la deuxième quinzaine de juillet ; la récolte de celles qui doivent être exportées se termine le 24 juin. [...] C'est un total de 3 500 000 kilogrammes de fraises qui est récolté à Plougastel sur 200 ha de terrains ». La première variété cultivée à grande échelle fut le "Fraisier du Chili", supplanté par la suite par de nouvelles variétés comme le "Fraisier Ananas", puis la "Princesse Royale", dite aussi "Fraise d'Angers", puis par la "Fraise de la Mayenne ". "1100 ha étaient consacrés à la culture de la fraise à la veille de la Première Guerre mondiale, soit un quart de la surface totale de la presqu'île. La production s'élevait alors à 6 000 tonnes par an, ce qui représentait un quart de la production nationale ".

La cueillette des fraises à Plougastel vers 1900.

L'essor de la culture de la fraise a été aussi permis par l'apport de maërl, dragué en rade de Brest et dans l'océan Atlantique, et qui correspondait à une nécessité agronomique en permettant de réduire l'acidité des sols. Plus d'une quarantaine de navires travaillaient alors au dragage du maërl.

Jusqu'au milieu du XIXe siècle, les fraises se vendaient presque uniquement à Landerneau et à Brest où elles étaient acheminées par les gabares et chaloupes à partir des petits ports de la presqu'île, l'exportation vers l'Angleterre commençant vers 1850 grâce à l'initiative d'une commerçante de Landerneau, suivie ensuite en 1865 par un négociant gascon, puis en 1867 par un commerçant de Roscoff ; ceux-ci venaient acheter les fraises directement chez les producteurs pour les revendre à Paris et à Londres. Vers la fin du XIXe siècle, trois steamers partent en saison chaque semaine de la cale du Passage à destination de l'Angleterre. À partir de 1865, la mise en service de la ligne ferroviaire Paris-Montparnasse - Brest facilite l'acheminement des fraises vers le marché parisien, le nord de la France et la Belgique (10 wagons chargés de 500 cageots chaque jour en saison à la fin du XIXe siècle). Quelques Plougastels commencent à exporter eux-mêmes vers le marché anglais à partir de 1879.

En 1889 selon Benjamin Girard, la culture des fraises se fait en grand sur tout le versant sud de la presqu'île, la légèreté du terrain et l'exposition y rendant les fraises plus précoces ; les ventes vers Brest et Paris principalement se chiffraient chaque année à plusieurs centaines de milliers de francs de l'époque. En 1894, des producteurs de fraises de Plougastel s'associent pour créer la Shippers Union, concurrencée à partir de 1898 par la Farmers Union, puis en 1900 par la New Union, chaque société ayant ses bateaux, ses locaux et ses agents dont certains séjournaient à Plymouth, Manchester et Londres pendant la saison des fraises.

En 1907, la culture des fraises couvre dans la commune environ 250 hectares. Au début du XXe siècle, la région de Plougastel produit 25 % des fraises françaises, exportant une part notable de la production (" les fruits soigneusement emballés dans des paniers doublés d'une épaisse couche de fougères ") en Angleterre :

"À Plougastel-Daoulas, on cultive la fraise et les petits pois de temps immémorial, mais la vente en Angleterre, pourtant très indiquée, était très difficile. En 1906, les agriculteurs, groupés en syndicat coopératif, lancèrent deux vapeurs pour transporter régulièrement leurs produits à Plymouth. La fraise était prise au point de livraison par les commis du Syndicat, transportée à ses frais aux magasins où se fait l'emballage, et embarquée sur les vapeurs. [...] Cette coopérative regroupe 215 fraisiculteurs, soit le tiers des producteurs de la région. "


Cueillette de la fraise à Plougastel en 1900

Travail de la fraise en 1920

Blason de Plougastel-Daoulas

En 1912, 300 000 kg de fraises sont expédiés en Angleterre (5 bateaux affrétés en 1911). En mai 1914, la revue L'Agriculture nouvelle précise : " le transport des fraises en provenance de la région de Plougastel-Daoulas, à destination des ports de Roscoff, Saint-Malo, Cherbourg, Rouen, Dieppe, Le Havre, a donné lieu au tracé d'itinéraires spéciaux au départ de la gare de Kerhuon [...]. Ces itinéraires permettent de diriger rapidement cette denrée particulièrement fragile sur les ports d'embarquement pour l'Angleterre, pays de grande consommation."

" La culture des fraises était un travail extrêmement pénible. Il fallait rester à genoux pendant des heures pour les ramasser ".

Une confiserie parisienne possédait une usine à vapeur à Plougastel, achetant - par exemple en 1911 - 100 000 kg de fraises. Pour écouler le surplus de la production, la Shippers Union fonde en 1912 une usine de transformation qui conditionne aussi les petits pois, les pommes, les haricots, alors cultivés également en grande quantité. Le syndicat EE ouvre un peu plus tard à la Fontaine-Blanche une usine destinée à produire de la pulpe de fraise ; en 1925 cinq usines existaient à Plougastel pour la transformation de la fraise, d'autres conditionnant les paniers et cageots destinés au conditionnement de ce fruit fragile. La Seconde Guerre mondiale met temporairement fin à ces activités, qui renaissent à partir de 1947 (création du Syndicat de producteurs vendeurs) ; en 1962 est créée la coopérative La Loperhetoise, puis en 1960 La Presqu'île, en 1965 la SICA devenue en 1994 la coopérative Sivi Ruz. Malgré cela, dans la décennie 1980, la presqu'île de Plougastel ne produit plus que 300 tonnes de fraises par an.




Le Cléguer, Centre de commandement...


Lorsqu'on fait quelques recherches sur internet concernant notre quartier, il n'est pas facile de trouver autre chose que des sites qui sont en lien avec les commerces, association (il y a même une asso pour la protection de l'environnement...) et autres travaux de voirie. Peut être que ce n'est tout simplement pas le bon endroit pour faire quelques recherches



Le Cléguer autrefois

Voici une histoire recueillie par l’arrière grand père de ma concubine sur Plougastel. Elle nous permettra surement de comprendre un peu mieux le Cléguer : 

"le diable ayant entendu vanter les mérites de la presqu'île de Plougastel, décida de s'en rendre compte lui-même. Il se déguise en mendiant et commence sa visite.

Après plusieurs heures de marche, il est tiraillé par la faim. Il frappe à la porte du manoir de Kéréo. Le seigneur des lieux le reconnaît et le chasse à grands coups de bâton.

Satan, furieux, se dirige vers la grève. Apercevant une cabane de pêcheurs, il se fait ouvrir la porte et demande à manger. Un jeune garçon lui donne une écuelle pleine de lait ribot assaisonné de sel, de poivre et de moutarde. Écœuré d'avoir été reconnu et ainsi traité, il se jette à l'eau et traverse l'Elorn pour se rendre à Kerhuon. Là, une vieille veuve le reconnaît mais sert quand même à ce pauvre diable des crêpes et de la bouillie d'avoine.

Le ventre plein, Satan décide, bien que ce ne soit pas dans ses habitudes, de remercier la grand'mère.

- Je ne manque de rien, lui dit-elle, mais ces énormes pierres que vous voyez dans mes champs me gênent pour labourer...

Alors le diable prend les blocs de rochers et les lance en face à Plougastel, sur la côte nord.. "

C'est peut être pour cela que le Cléguer est aussi haut perché, je ne sais pas... Mais toujours est il que d'ici nous avons une belle vue sur Brest et la presqu'ile de Crozon. 

Peut être que quelque recherches à la mairie vont nous permettre de rédiger un petit paragraphe sur l'histoire de notre quartier.

Le Cléguer durant la seconde guerre

Sur cette période nous avons quelques informations. C'est bien parce que le Cléguer surplombait toute la région que durant la seconde guerre mondiale, les allemands décidèrent d'y faire leur poste de commandement du groupe de batteries antiaériennes de Marine de Brest (III. Marine Flak Brigade)  Il Dirigeait:

-les batteries antiaérienne codée M.K.B. "Einhorn" (de Kerdéniel),Batterie antiaérienne codée M.K.B. "Viermaster" (de Kerziou), sur Plougastel

-la Batterie antiaérienne codée M.K.B. "Dachs" de Guilers, la batterie antiaérienne codée M.K.B. "Zebra" du Relecq, la batterie antiaérienne codée M.K.B. "Vollblut" de Brest, la batterie antiaérienne codée M.K.B. "Ebbstrom"  de Roscanvel...pour n'en citer que quelques unes. 

Ainsi autour de la ville de Brest 30 batteries antiaériennes et projecteurs réparties en 5 groupes étaient sous le commandemenat du Marin Flak. Le batterie de Plougastel étaient composées comme suit: 

-"Viermaster ": Cette batterie antiaérienne allemande se composait de six encuvements de type Flak 243b armées par quatre canons de 10,5 cm EL C/32 et deux canons de 2 cm ; de deux postes de direction de tir (dont un de type Flak 304) ; de cinq observatoires / guérites (Vf "Verstärkt Feldmässiger Beobachtung") ; de quatre abris de type tôle métro ("Wellblech", dont deux grands : l'un à deux entrée, le deuxième à une seule) et de deux bassins. Dégagé en 1999 / 2000, l'ensemble du site est aujourd'hui (2009) recouvert par la végétation, quelques tranchées sont cependant encore visibles. 

-"Einhormn" plus classique, Quatre cuves de type Vf "Verstärkt Feldmässiger" armées de quatre canons de 10,5 cm C/33. Deux postes de direction de tir.

Voici un de ces canons de 10.5m


Le Cléguer de 45 à nos jours.

Sur cette partie, j'ai ma p'tite idée. Et si nous allions à la rencontre des anciens du quartier?



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